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TABLEAU

cheurs et Mineurs, pour s’informer s’il avoit fait tort à quelques particuliers, et ses grands baillis reçurent l’ordre de concourir à cette opération. Tel étoit l’esprit du temps, et les croisades avoient cela d’avantageux pour les foibles, que les puissans, avant de s’engager dans ces entreprises périlleuses, donnoient pour gage de leur conversion sincère la réparation de tous les maux qu’ils avoient pu causer. Louis, qui n’avoit fait que du bien à ses peuples, se soumettoit lui-même à cette enquête, où sa conscience lui répondoit qu’il n’auroit à revenir que sur des erreurs involontaires.

Avant de m’occuper du départ des Croisés, nous terminerons ce qui concerne l’empereur Frédéric, qui mourut pendant que Louis étoit en Syrie. Ce prince avoit été battu près de Parme par les Guelfes, et ses affaires n’alloient pas mieux en Allemagne. Abattu par les revers, il implora de nouveau la médiation de Louis, qui fit un dernier effort auprès du Pape. Le Roi conjura le pontife de recevoir Frédéric dans sa bonté paternelle, et s’il avoit encore des griefs contre lui, d’en faire le sacrifice au bonheur du monde chrétien et au succès de la croisade. Innocent, enivré des victoires de ses partisans, ne répondit qu’en promettant au Roi de veiller sur la France pendant qu’il seroit absent, et de la protéger tant contre les entreprises de Frédéric, que contre celles du roi d’Angleterre.

L’année suivante [1249], Frédéric, toujours malheureux, fut attaqué dans la Pouille d’une maladie grave. Pierre Desvignes, en qui, depuis plusieurs années, il avoit placé toute sa confiance, fut accusé