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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

parce que la reine Blanche y fut seule admise. Au mois d’avril de l’année suivante, il s’aboucha de nouveau avec Innocent IV, dans le même lieu, et l’entretien très-remarquable de ces deux souverains nous a été conservé.

Frédéric offroit d’aller à la Terre sainte et d’y passer le reste de ses jours, pourvu que le Pape lui donnât l’absolution, et couronnât son fils Conrad. Louis insistoit pour que le Pape accueillît des propositions aussi favorables à l’Église. Mais Innocent ayant une science profonde des hommes et des affaires, connoissant d’ailleurs parfaitement le caractère de l’Empereur, ne pouvoit se fier à ces nouvelles promesses. Plus elles étoient spécieuses, plus il craignoit qu’elles ne fussent un piège. C’étoit peut-être bien juger en politique, mais étoit-ce juger en chef de l’Église ? Le Roi sentit parfaitement cette distinction que les papes n’étoient plus habitués à faire : « Ne faut-il pas, dit-il au Pontife, suivant l’Évangile, tendre les bras à celui qui demande miséricorde ? Considérez les circonstances où nous nous trouvons : la Terre sainte est en danger, nous n’avons aucun espoir de la secourir, si Frédéric, maître des ports, se déclare contre nous. Il fait de grandes promesses : je vous prie de les accepter, tant pour moi, que pour les pèlerins et pour toute l’Église. Recevez un prince qui s’humilie, et imitez la bonté de celui dont vous êtes le vicaire sur la terre. » Le Pape, trop prévenu contre Frédéric, demeura inflexible, et tout espoir de paix s’évanouit.

Dès-lors les affaires de Frédéric déclinèrent, surtout en Allemagne, où son fils Conrad commandoit