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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

pas à propos de s’y rendre. Le seul souverain qui s’y trouva fut l’empereur de Constantinople, Baudouin II, qui venoit solliciter des secours. Un grand nombre de Templiers et d’Hospitaliers, et un corps de troupes commandé par Philippe de Savoie, veilloient à la sûreté du Pape, et assuroient la liberté des délibérations du concile.

Innocent IV accusa Frédéric d’hérésie et de sacrilège, sans cependant rappeler la fable des trois imposteurs : il lui reprocha d’avoir peuplé de Sarrasins une ville du royaume de Naples, et d’entretenir des concubines de la même nation. Il insista principalement sur ce que l’Empereur avoit manqué à toutes ses promesses. Ce dernier reproche étoit le seul véritablement fondé. Tadée de Sesse, que nous avons vu employé dans les précédentes négeciations, prit la défense de Frédéric. Il ne put prouver que son maître avoit été fidèle à sa parole, mais il se permit des récriminations contre le Pape, et, répondant longuement à l’un des reproches qui touchoit le moins le fond de la question, il soutint que, si Frédéric avoit eu des concubines mahométanes, on ne pouvoit plus le reprendre de cette faute, puisqu’il les avoit renvoyées. Le Pape, sans avoir égard à cette défense, et malgré les représentations de l’ambassadeur de France, prononça dans le concile la condamnation de Frédéric, le 17 juillet 1245. Il le déclara privé de tout honneur et dignité, dont il s’étoit rendu indigne par ses crimes : il délia tous ses sujets du serment de fidélité ; il défendit enfin que personne lui obéît comme empereur et comme roi. En