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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

voit alors de l’Empire, mais dont l’archevêque étoit seigneur temporel, et depuis long-temps indépendant. Les cardinaux vinrent l’y joindre, et il y convoqua un concile général pour le mois de juin de l’année suivante [1245]. Deux objets de la plus haute importance devoient y être traités : le moyen de rendre la paix à l’Église, et les secours réclamés par les Chrétiens de la Terre sainte, ainsi que par l’Empire de Constantinople. Toutes les têtes couronnées y furent appelées.

Louis, victorieux de tous ses ennemis, étoit également recherché par les deux princes dont les divisions fixoient les regards du monde chrétien. Tandis que le Pape imploroit son appui, Frédéric sollicitoit son alliance. Ce prince auroit voulu obtenir pour son fils Conrad, qui devoit lui succéder, Isabelle, sœur du Roi, âgée alors de dix-neuf ans ; mais la jeune princesse, élevée par sa mère dans la plus haute piété, dédaignant des grandeurs dont elle avoit pu, dès son enfance, apprécier la vanité, déclara qu’elle vouloit se consacrer à Dieu. Nous la verrons bientôt fonder une abbaye célèbre, et se montrer la digne sœur de saint Louis.

La reine Blanche avoit conservé beaucoup d’empire sur son fils. Quoiqu’il ne suivît pas toujours ses conseils pour les affaires d’État, dont il faisoit sa principale étude, il lui montroit une grande soumission dans tout ce qui concernoit l’intérieur du palais. Sa tendresse excessive la fit abuser quelquefois de cet ascendant qu’elle ne perdit jamais. Ayant lieu d’être satisfaite de la jeune reine Marguerite, dont l’esprit vif et piquant répandoit une gaieté décente dans une