Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
TABLEAU

qui faisoit partie de la ligue, étoit tombe malade au moment de se mettre à la tête de son armée. Son inaction et les revers de Lusignan empêchèrent les rois de Castille et d’Arragon de se déclarer. Louis, vainqueur, pardonna encore une fois au comte de Toulouse. Il n’exigea que la punition de quelques fanatiques qui avoient assassiné un Dominicain et un Franciscain.

Après toutes ces défections, le roi d’Angleterre se trouvoit dans la position la plus pénible. Abandonné par ceux qui l’avoient appelé en France, méprisé de ses sujets et de son armée, poursuivi par un ennemi victorieux, il craignoit les derniers malheurs. Quelques personnes ont pensé que Louis auroit pu profiter de cette occasion pour chasser les Anglais de la France. Mais cette manière d’user de la victoire étoit contraire à ses principes : d’ailleurs une maladie contagieuse consumoit ses troupes, et lui-même en étoit attaqué, quoique peu dangereusement. Il accorda donc au roi d’Angleterre une trêve de cinq ans. Ce prince n’osa s’embarquer dans les ports de Guyenne, parce que Mauclerc, devenu simple chevalier, et ennemi aussi acharné de l’Angleterre qu’il lui avoit été autrefois dévoué, croisoit sur les côtes. Il obtint de Louis la permission de traverser la France jusqu’à Calais, à la tête de son armée découragée par les défaites et la maladie. Dans cette route pénible, où le Roi de France fit généreusement prodiguer des secours à ses ennemis vaincus, il ne put empêcher ses sujets de tourner en ridicule leurs anciennes menaces : mais il défendit qu’on se moquât de Henri III en sa présence. Le Roi mon frère, dit-il avec cette douceur qui le caractérisoit, m’en voudra davantage : on