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TABLEAU

geance ; mais je ne puis trouver mauvais qu’elle me préfère un époux céleste. »

Malgré ces sujets de brouillerie, la paix continua de subsister, et ne fut rompue que par une nouvelle tentative de Frédéric, à laquelle le Pape crut devoir mettre l’opposition la plus forte. Ubalde, seigneur italien, étoit possesseur de la Sardaigne : il la tenoit en fief de l’Église romaine, et il avoit prêté au Pape serment de fidélité. L’Empereur, voulant s’emparer de cette île sous prétexte qu’elle appartenoit autrefois à l’Empire, s’en déclara roi, et fit épouser Adélasie, fille d’Ubalde, par son fils naturel Henz ou Henri.

Grégoire IX ne dissimula plus son indignation. Le 24 mars 1239, il excommunia solennellement Frédéric, en rappelant tous ses anciens griefs contre lui. Dans la réponse violente que l’Empereur fit faire au Pape par son chancelier Pierre Desvignes, il ne s’éleva point contre la suprématie du saint Siége, suprématie qui, comme je l’ai observé, faisoit partie du droit public de ce temps ; mais il prétendit que Grégoire n’étoit pas digne de ce rang. « Nous ne le craignons pas, dit-il dans sa réponse en date du 20 avril 1239, non par mépris de la dignité papale, à laquelle tout fidèle doit être soumis, et nous plus que les autres, mais par la faute de la personne qui s’est rendue indigne d’une place si éminente. »

Le Pape répliqua le 1er juillet suivant par une inculpation qui paroît peu fondée, et qui a donné lieu à beaucoup de fables dans les siècles suivans. Il accusa Frédéric d’avoir dit publiquement que le monde