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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS.

de son sermon fut : Il est nécessaire qu’il arrive des scandales. Il reprochoit à l’Empereur d’avoir trompé les espérances des malheureux Chrétiens de la Palestine, et d’avoir rendu vains tous les préparatifs que la cour de Rome faisoit, depuis plusieurs années, pour les secourir. Frédéric, conseillé par Pierre Desvignes son chancelier, répondit au Pape de la manière la plus violente : sans entrer dans le fond de la question, sans se justifier de n’avoir pas accompli des sermens si souvent renouvelés, il lui prodigua les injures. Grégoire IX ne pouvoit être intimidé : il excommunia de nouveau l’Empereur. Celui-ci souleva les seigneurs romains contre le Pape, qui fut insulté par eux, en célébrant la messe, le lundi de Pâques 1228. Ne trouvant plus de sûreté dans Rome, mais décidé plus que jamais à ne pas fléchir, Grégoire habita successivement les villes de Rieti, de Spolette et de Pérouse, alors très-fortifiées.

À cette époque, Frédéric qui venoit de dépouiller son beau-père du titre de roi de Jérusalem, ayant appris la mort du sultan de Damas, et croyant qu’il seroit désormais facile de reconquérir la Terre-Sainte, partit malgré l’opposition du Pape qui vouloit qu’avant d’entreprendre cette expédition il se fût fait absoudre, et laissa, pour gouverner le royaume de Naples, Thomas, comte d’Acerra, l’un de ses lieutenans.

Aussitôt la guerre entre le Pape et le gouverneur impérial fut déclarée. Jean de Brienne, justement irrité contre l’Empereur son gendre, prit le commandement des troupes de l’Église ; et le comte d’Acerra arma les Sarrasins qui occupoient quelques cantons