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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS.

insatiable, aspiroit à la monarchie universelle, et se trouvoit, comme tous les princes qui se livrent trop facilement à leurs passions, dominé par des ministres qui en abusoient. Il étoit en guerre avec les papes presque depuis le commencement de son règne, quoiqu’Innocent III lui eût frayé le chemin au trône. Neveu et héritier de Philippe de Souabe, détrôné par Othon IV, il étoit en danger d’être dépouillé du royaume de Naples, seul État qui lui restoit, si la cour de Rome ne l’eût protégé. Cette cour tenoit beaucoup, pour sa propre sûreté, à ce que les empereurs ne possédassent pas ce royaume : c’étoit probablement ce qui la déterminoit à soutenir Frédéric ; et ce prince avoit promis, s’il devenoit empereur, d’en laisser la disposition au Pape.

Othon, vaincu par Philippe-Auguste à la bataille de Bouvines, fut abandonné de tous ses partisans : Frédéric, protégé par le Pape, parvint à l’Empire, et son élection fut confirmée en 1215 au concile de Latran. Frédéric, plein de reconnoissance pour la cour de Rome, prit la croix, et renouvela la promesse de ne pas conserver le royaume de Naples. Cependant il ne tint aucun de ses engagemens. Il ne partit point pour la Terre-Sainte, et donna le trône de Naples à son jeune fils Henri : procédés qui déplurent au Pape, et qui ne l’empêchèrent pas cependant de le couronner à Rome, dans l’église de Saint-Pierre, au mois de septembre 1220. Pendant cette auguste cérémonie, Frédéric fit de nouveau le vœu d’aller en Palestine.

Cinq ans s’écoulèrent encore sans que Frédéric eût accompli ce vœu. Pendant cet espace de temps il