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TABLEAU

Terre, implacable ennemie de Blanche, le poussoient à la révolte, en lui promettant les secours de l’Angleterre. Quoique ces secours fussent très-incertains, parce que la foiblesse de Henri III commençoit à soulever ses sujets contre lui, Mauclerc prit les armes, et obtint d’abord quelques avantages. Mais Louis eut bientôt assemblé une armée nombreuse, et entra dans la Bretagne par trois côtés différens [1235]. Le duc effrayé sollicita une trève de quelques mois, et promit de se soumettre s’il n’étoit pas secouru dans un délai fixé. Il passa sur-le-champ en Angleterre, demanda vainement les secours qu’on lui avoit fait espérer, et revint au désespoir se jeter aux pieds du Roi, qui eut encore la bonté de lui pardonner. Cette clémence inattendue parut faire sur lui une profonde impression.

Mais avant que cette importante affaire fût terminée, le comte de Champagne devoit encore donner une nouvelle preuve de son inconstance. Devenu roi de Navarre, héritier des trésors de son oncle, il sentit impatiemment le joug qui lui étoit imposé. Le dépit se mêloit à ses desseins ambitieux ; car quoique Blanche eût alors près de cinquante ans, il n’étoit pas guéri de sa folle passion. Pressé, par le comte de La Marche et par Isabelle, de s’unir étroitement avec le comte de Bretagne, il donna sa fille unique à Jean de Dreux, fils de ce prince. Les noces se firent précipitamment, et la Reine n’en fut instruite que lorsqu’il n’étoit plus temps de s’y opposer. Irritée de ce manque de foi et de cet acte de rebellion, elle somma Thibaut de lui remettre les places qu’il devoit livrer s’il violoit le traité par lequel il s’étoit engagé à ne pas marier sa fille sans le consentement du Roi. Aussitôt le roi de