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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS.

mot se grava profondément dans le cœur de Louis ; et, par la suite, il le répétoit souvent à ses enfans.

Pendant les troubles, la Régente, ne négligeant aucune partie du gouvernement, s’étoit occupée de remplacer les professeurs de l’Université de Paris dont elle n’avoit pu calmer le mécontentement. L’ordre des Frères prêcheurs fondé en Espagne par saint Dominique, et l’ordre des Frères mineurs fondé en Italie par saint François d’Assise quelques années auparavant, étoient alors dans toute la ferveur de leur zèle. De concert avec Guillaume, évêque de Paris, personnage très-distingué dont nous aurons encore occasion de parler, la Reine établit d’abord une chaire de théologie tenue par un dominicain qu’elle fit venir d’Espagne ; puis elle permit aux franciscains d’enseigner dans les colléges déserts. Lorsque la paix fut rétablie, elle consentit à traiter avec les professeurs mécontens ; le pape Grégoire IX intervint dans cette affaire : les religieux conservèrent les chaires dont ils étoient pourvus. Par une bulle du 13 avril 1231, l’Université fut rétablie sur un nouveau plan, et les priviléges des professeurs et des écoliers furent confirmés. Blanche crut avoir augmenté l’éclat de l’Université, en adjoignant aux séculiers les Frères prêcheurs et mineurs, qui étoient alors l’objet de la vénération des peuples ; mais elle ne prévit pas les désordres que ce mélange produiroit : désordres dont nous aurons à nous occuper, et qui n’éclatèrent qu’après sa mort.

Vers le même temps, la Reine perdit deux de ses plus fermes appuis. Le connétable Matthieu de Montmorency, sous la garde duquel Louis VIII avoit mis son épouse et son fils, et que nous avons vu à la