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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS.

de Joinville (partie 1re), que dans la suite le Roi l’abolit entièrement.

Les évêques avoient profité des premiers troubles de la minorité pour accroître leur puissance. Lorsque leurs intérêts temporels étoient contrariés par les seigneurs, ils mettoient le pays en interdit, fermoient les églises, et faisoient cesser le service divin. Les images, les saintes reliques étoient posées par terre en signe de deuil. Il ne restoit des sacremens que le baptême pour les enfans, et la pénitence pour les personnes en danger de mourir. Le conseil du Roi réprima ces abus, et fit même saisir le temporel de quelques prélats. Le pape Grégoire IX, si jaloux des priviléges ecclésiastiques, reconnut, à ce qu’il paroît, la nécessité de cette mesure hardie pour le temps ; car, à la même époque, il défendit par une bulle d’interdire les chapelles du Roi.

Pendant cette longue anarchie produite par la ligue des seigneurs, et à laquelle la Régente venoit de mettre fin, l’Université de Paris, cette première école du monde, avoit été aussi agitée par des troubles, et se trouvoit presque dissoute. Un obscur démêlé, qui n’auroit eu aucune suite dans des temps tranquilles, pensa détruire pour jamais cette belle institution. En 1229, les écoliers et les bourgeois étoient allés se divertir au faubourg Saint-Marceau, qui étoit séparé de la ville. Il faut observer qu’alors ceux qui portoient le nom d’écoliers étoient des hommes faits qui venoient de toutes les parties de la France et de l’Europe poursuivre des cours de théologie, de philosophie et de droit. Les écoliers et les bourgeois prirent dispute, et ces derniers furent battus. La Reine or-