chassa touz deuz, et beney en abbé monseigneur Jehan de Mimeri, et li donna la croce. Je ne voil recevoir[1], pource qu’il avoit fèt tort à l’abbé Geffroy, qui avoit appelé contre li, et estoit alé à Rome. Je tint tant l’abbaie en ma main, que ledit Geffroy emporta la croce, et celi là perdi à qui l’evesque l’avoit donnée ; et tandis que le contens[2] en dura, l’evesque me fit escommenier : dont il ot, à un Parlement qui fu à Paris, grant tribouil[3] de moy et de l’evesque Pierre de Flandres, et de la contesse Marguerite de Flandres, et de l’ercevesque de Rains qu’elle desmanti. A l’autre Parlement qui vint après, prierent touz les prélas au Roy que il venist parler à eulz tout seul. Quant il revint de parler aus prélas, il vint à nous qui l’attendions en la chambre ou palais[4], et nous dit tout en riant, le tourment que il avoit eu aus prélas, dont le premier fu tel, que l’ercevesque de Reins avoit dit au Roy : « Sire, que me ferez-vous[5] de la garde saint Remi de Reins que vous me tollez[6]? car je ne vouroie avoir un tel péchié comme vous avez, pour le royaume de France. » « Par les sains de ceans, fist le Roy, si fériés pour Compieigne, par la couvoitise qui est en vous ; or en y a un parjure. L’évesque de Chartres me requist, fist le Roy, que je li feisse recroire[7] ce que je tenoie du sien ; et je li diz que non feroie, jeusques à tant que mon ce chatel seroit paiés[8], et li dis que il estoit mon
- ↑ V. Je ne le voullu recepvoir.
- ↑ Le contens : le procès, le débat.
- ↑ Tribouil : trouble.
- ↑ V. en la chambre aux plaitz.
- ↑ Que me ferez-vous : quelle justice me ferez-vous ?
- ↑ Tollez : ôtez.
- ↑ Que je li feisse recroire : que je le remisse en possession de.
- ↑ V. jusques à tant que mon giste seroit payé.