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(P. 381.) Après par nos jornées nous vinsmes à passer auprès d’une austre isle qui avoit nom Pantanelée, laquelle estoit peuplée de Sarazins qui estoient subjets partie au roy de Cecille, et partie au roy de Tunes. Et d’aussi loing que nous descouvrismes cette isle, la Royne requit au Roy que son plaisir fust envoier trois gallées en celle isle, pour apporter des fruits à ses trois enfans. Et ainsi fist le Roy, et leur commanda qu’ils se despechassent hativement de nager, afin qu’ils fussent tout prés de venir à lui quand il passeroit devant l’isle. Or advint que quand le Roy passa devant le port de ladite isle, il ne trouva point cesdites trois gallées. Les mariniers lui respondirent qu’il leur sembloit que les Sarazins avoient prinzes ses gallées, et les gens qui estoient dedans. « Partant, Sire, nous vous conseillons, firent-ils, que vous ne les attendez pas : car vous estes icy près des royaumes de Cecile et de Tunes, dont les rois ne vous aiment gueres, ne l’un ne l’autre ; et si vous nous voulez laisser nager, nous vous mettrons encores anuit hors de leurs dangers : car nous passerons en bref tous leurs destroits.» « Vraiement, dit le Roy, je ne vous en croiray jà, et vous commande que vous tournés les voiles de la nef, et que nous allions quérir nos gens.» Et quoi qu’il en fust, il nous convint ainsi le faire, et delaiasmes bien huit jours pour les attendre, pour leur gloutonnie, qu’ils s’estoient demourés a manger. Cette isle, qui est ici nommée Pantelenée, est celle que les geographes appellent Pantalarée, qui est assise entre la Sicile et l’Afrique, assez prés de Souse, ville du royaume de Tunes. Elle appartient au roy d’Espagne, et est sujette au viceroy de Sicile. Les habitans, quoy