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TABLEAU

faite par Henri II à ses parens, donation sanctionnée tant par le roi de France que par les pairs du royaume. Il rappeloit aussi que la naissance d’Alix n’étoit pas légitime. L’affaire dura plus de trois ans, pendant lesquels le comte de Bretagne et les confédérés firent contre la Régente diverses entreprises que nous raconterons plus tard, afin de ne pas interrompre ce qui concerne le comté de Champagne.

Thibaut, fatigué de soutenir un procès qu’il pouvoit perdre, craignant de n’être pas soutenu par la Reine occupée alors d’autres affaires plus importantes, faisoit des vœux, soit pour conclure un arrangement avec Alix, soit pour désarmer la haine des confédérés. Les seigneurs, instruits de ces dispositions, et beaucoup moins animés contre Thibaut que contre Blanche dont ils vouloient à tout prix renverser le pouvoir, se rapprochèrent volontiers de lui. Sa femme Agnès de Beaujeu venoit de mourir [11 juillet 1231]. Irrité par les dédains de Blanche qui ne lui laissoit aucun espoir, ayant besoin d’un appui dans la situation pénible où ses inconséquences l’avoient fait tomber, il désiroit contracter une alliance qui augmentât ses forces. Le comte de Bretagne lui proposa d’épouser Yolande sa fille. Le dépit le décida promptement : mais les lois féodales lui défendoient de se marier sans le consentement du Roi ; et Blanche, au milieu des dangers qu’elle couroit, avoit constamment les yeux fixés sur un vassal dont elle connoissoit l’inconstance et la légèreté. On mit donc le plus grand mystère dans les apprêts de ce mariage. La jeune épouse devoit être amenée par des chemins détournés à l’abbaye du