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variantes

verroit vengié du conte de la Marche, ou par lui ou par autrui. Et quant mon seigneur Geffroy vit le conte de la Marche, sa femme et ses enfans, agenoillez devant le Roy, qui li crioient merci ; il fist aporter un tretel[1], et fist oster sa grève, et se fist roingner en la présence du Koy, du conte de La Marche et de ceulz qui là estoient. Et en cet ost contre le roy d’Angleterre et contre les barons, le Roy en donna de grans dons, si comme je l’oy dire à ceulz qui en vindrent. Ne pour dons ne pour despens que l’en feist en cel host, ne autres de sa mer ne de là, le Roy ne requist ne ne prist onques aide des siens barons, n’à ses chevaliers, n’à ses hommes, ne à ses bones villes, dont en ce[2] plainsist. Et ce n’estoit pas de merveille ; car ce fesoit il par le conseil de la bone mere qui estoit avec li, de qui conseil il ouvroit[3] et des preudeshomes qui li estoient demouré du tens son pere et du temps son ayoul.

(P. 313.) Quant nous arrivasmes en Acre[4], ceus de la cité vindrent au devant du Roy, pour le recevoir jusques à la rive de la mer, avec les processions à trés-grand’joye. Je voulus monter sur un palefroy qu’on m’avoit amené de la ville ; mais aussi-tost que je fus dessus, le cœur me faillit : ensorte que je fusse tombé par terre, n’eust esté que celui qui avoit amené le cheval me tenoit bien serré. Et à grand’peine me peut-on conduire jusqu’en la sale du Roy : et là demourai en une fenestre long-temps, que personne ne tenoit comte de moy, et n’avois avec moy, de tous mes gens

  1. Tretel : treteau, banc.
  2. Ce : lisez se.
  3. De qui conseil il ouvroit : par le conseil de laquelle il agissoit.
  4. Ce chapitre appartient à l’édition de Poitiers.