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variantes

ques mangoit encoste cele table la royne Blanche, sa mere, au chief du cloistre, de celle part là où le Roy ne mangoit pas. Et si servoit à la Royne le conte de Bouloingne qui puis fu roy de Portingal[1], et le bon conte de Saint Pol, et un Alemant de l’aage de dix-huit ans, que en disoit que il avoil esté filz saint[2] Hélizabeth de Thuringe ; dont l’en disoit que la royne Blanche le besoit ou front par devocion, pour ce que ele entendoit que sa mere li avoit maintes foiz besié.

Au chief du cloistre d’autre part estoient les cuisines, les bouteilleries, les paneteries et les despenses ; de celi cloistre servoient[3] devant le Roy et devant la Royne, de char, de vin et de pain. Et en toutes les autres elez[4] et eu prael[5] d’en milieu mangoient de chevaliers si grant foison, que je ne scé le nombre ; et dient moult de gent que il n’avoient onques veu autant de seurcoz ne d’autres garnemens de drap d’or à une feste, comme il ot là ; et dient que il y ot bien trois mille chevaliers.

(P. 201) Quant nous fumes à Poytiers, je vi un chevalier qui avoit non mon seigneur Gyeffroy de Rancon, que pour un grant outrage[6] que le conte de la Marche li avoit fait, si comme l’en disoit, et avoit juré sur sains que il ne seroit jamez roingnez en guise de chevalier[7], mès porteroit grève[8], aussi comme les femmes fesoient, jusques à tant que il se

  1. V. le conte de Loignie, qui depuys fut roy de Portugal.
  2. Saint : lisez sainte.
  3. Servoient : lisez serfoit l’en, c’est-à-dire on servoit.
  4. Elez : Ailes.
  5. Prael : préau.
  6. V. qui pour un grant oultraige… avoit juré, etc.
  7. Que il ne seroit jamez roingnez en guise de chevalier : qu’il ne se feroit jamais couper les cheveux comme les chevaliers.
  8. Porteroit grève : porteroit les cheveux longs et partagés sur le haut de la tête.