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de saint loys.

par tout son royaume. Et mesmement environna-il toute la ville de Paris de gens de religion, qu’il y ordonna, logea, et fonda à ses deniers.

Aprés ces choses dessusdites le Roy manda tous les barons de son royaume, pour aller à lui à Paris en ung temps de caresme. Et aussi m’envoia-il querir à Jonville, dont je me cuidé assez excuser de venir, pour une fievre quarte que j’avois. Mais il me manda qu’il avoit assez gens qui savoient donner guerison de fievres quartes ; et que sur toute s’amour, que je allasse à Paris : ce que je fys. Et quant je fu là, onques je ne sceu savoir pourquoy il avoit ainsi mandé les grans seigneurs de son royaume. Et advint que le jour de la feste Nostre Dame en mars je m’endormy à matines. Et en mon dormant me fut advis que je veoie le Roy à genoulz devant ung autel, et qu’il y avoit plusieurs prelatz qui le revestoient d’une chaisible rouge, qui estoit de sarge de Reims. Et tantoust que je fu esveillé, je racomptay ma vision à ung mien chappelain, qui estoit tres-saige homme : lequel me dist que le Roy se croizeroit le landemain. Et je lui demanday commant il le savoit ? Et il me dist qu’il le savoit par mon songe et advis : et que la chasible rouge que je lui veoie mectre sus signiffioit la croix de Nostre Seigneur Jesus-Christ, laquelle fut rouge de son precieux sang qu’il espandit pour nous. Et ainsi que la chasible estoit de sarge de Reims, que ainsi la croiserie seroit de petit exploict, ainsi qu’il disoit que je verrois le landemain.

Or advint que le landemain le Roy et ses trois filz se croiserent : et fut la croisure de petit exploict, tout ainsi que mon chappelain le m’avoit recité le jour