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de saint loys.

« Sire, il me semble que vous devez descendre ; et que une foiz madame de Bourbon estant à cest mesmes port ne se voulut descendre, ains se remist sur mer, pour aller descendre en Aiguesmortes. Mais elle demoura bien sept sepmaines et plus sur mer.» Et adonc le Roy à mon conseil s’accorda de descendre à Yeres, dont la Royne et la compagnie furent tres joieux.

Ou chastel d’Yeres séjourna le Roy, la Royne et leurs enfans, et nous tous, tandis qu’on pourchassoit des chevaulx pour s’en venir en France. L’abbé de Cluny, qui fut depuis evesque de l’Olive[1], envoia au Roy deux pallefroiz, l’un pour lui, l’autre pour la Royne. Et disoit-on lors, qu’ilz valloient bien chacun cinq cens livres. Et quant le Roy eut prins ces deux beaux chevaulx, l’abbé lui requist qu’il peust parler avecques lui le landemain touchant ses affaires. Et le Roy le lui octroia. Et quant vint au landemain, l’abbé parla au Roy qui l’escouta longuement, et à grant plaisir. Et quant celui abbé s’en fut parti, je demanday au Roy savoir si je lui demandoie quelque chose à recongnoistre, s’il le feroit ; et il me dist que ouy voulentiers. Adonc je lui demanday : « Sire, n’est-il pas vray que vous avez escouté l’abbé de Cluny ainsi longuement, pour le don de ses deux chevaulx ? » Et le Roy me respondit que certes ouy. Et je lui dis que je lui avois fait telle demande, affin qu’il deffendist aux gens de son conseil juré que quant ilz arriveroient en France, qu’ilz ne pransissent riens de ceulx qui auroient à beson-

  1. Evesque de l’Olive : Oliva étoit un évêché suffragant de l’archevéché de Patras, en Morée.