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de saint loys.

messire Jehan de Valencienne oyt dire que nous estions en grant desarroy, et en giant peril de noz vies, il s’en alla par devers messire Olivier de Termes, et à ses autres capitaines de la torte langue[1], et leur dist : « Seigneurs, je vous pri et commande de par le Roy que vous me venez aider à avoir le senneschal de Champaigne.» Et ung chevalier qui avoit nom messire Guilleaume de Beaumont s’en vint à lui, et lui dist que j’estois mort. Mais nonobstant ne s’espargna mye le bon messire Olivier de Termes, et voulut savoir ou de ma mort ou de ma vie, pour en dire au Roy seures nouvelles. Et vint contremont montant jusques ou hault de la montaigne, là où nous estions. Lors me rendy à lui.

Quant messire Olivier fut monté, et vit que nous estion en trop grant peril, et que nous n’eussion peu descendre par où nous estion montez, il nous donna bon conseil. Car il nous fist descendre par ung pendant qui estoit en celle montaigne, comme si nous eussion voulu aller à Damas. Et disoit que les Sarrazins se penseroient que nous les voullisson aller sourprandre par derriere. Et puis quant nous fusmes descendus jusques au plain, il fist mectre le feu en de grans taas de fromens qui estoient parmy les champs. Et par noz petiz[2] nous fismes tant que vymmes à sauveté par le bon conseil de messire Olivier de Termes : et nous rendismes le landemain à Sajecte, là où estoit le Roy. Et trouvasmes que le bon saint homme avoit fait enterrer les corps des Chrestiens qui avoient esté tuez : et lui-mesme aidoit à les porter en terre. Et

  1. Torte langue : Languedoc.
  2. Par nos petiz : peu à peu.