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histoire

avoit este fait se y trouveroient, et leveroient les manteaux des freres. Advint que le maistre de l’Ospital fist menger les freres, qui l’outrage avoient fait, sur leurs manteaux. Et je me trouvay là present avecques les chevaliers ; et requismes au maistre qu’il fist lever les freres de dessus leurs manteaux : ce qu’il cuida reffuser. Mais en la fin force fut que ainsi le fist. Car nous assismes avecques les frères pour menger avecques eulx, et ilz ne le voulurent souffrir : et faillut qu’ilz se levassent d’avecques nous pour aller menger avecques leurs autres freres à la table, et nous laissèrent leurs manteaux.

L’autre justice fut pour ung des sergens du Roy, qui avoit nom le Goullu : lequel mist la main à ung de mes chevaliers, et le bouta[1] rudement. Je m’en allay plaindre au Roy, lequel me dist que de ce je me povoie bien déporter, veu que le sergent n’avoit fait que bouter mon chevalier. Et je lui dis, que je ne m’en deporterois jà, mais plustoust lui laisserois son service, s’il ne me faisoit justice ; et que il n’appartenoit à sergens de mettre main és chevaliers. Et ce voiant le Roy, il me fist droit, qui fut tel : que selon l’usage du païs le sergent vint en mon hébergement tout deschaux, et en sa chemise, et avoit une espée en son poing : et se vint agenoiller devant le chevalier qu’il avoit oultragé, et lui tendit l’espée par le pommel, et lui dist : « Sire chevalier, je vous cry mercy de ce que j’ay mis la main en vous. Et vous ay apporté ceste espée, que je vous présente, affin que vous m’en couppez le poing, s’il vous plaist le faire.» Lors je priay le chevalier, qu’il lui par-

  1. Bouta : pressa, poussa.