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histoire

leur tiroient d’autre trect, et puis le lion laissoit son drap, et couroit sus à son homme, lequel s’enfuioit, et laissoit clieoir une autre vieille pièce de drap, et le lion se y arrestoit. Et ainsi souventesfoiz ilz tuoient les lions de leur trect.

Ung autre chevalier moult noble vint au Roy durant qu’il estoit à Cesaire, qui se disoit estre de ceulx de Coucy[1]. Et disoit le Roy que celui chevalier estoit son cousin, par ce qu’il estoit descendu d’une des seurs du roy Phelippe, que l’empereur de Constantinople eut à femme. Lequel chevalier le Roy retint, lui dixisme de chevaliers, jusques à ung an. Et après l’an passé, il s’en retourna en Constantinople, dont il estoit venu. A icelui chevalier ouy dire, et comme il le disoit au Roy, que l’empereur de Constantinople et ses gens se allièrent une foiz d’un Roy qu’on appelloit le roy des Commains, pour avoir leur aide pour conquérir l’empereur de Grèce, qui avoit nom Vataiche[2]. Et disoit icelui chevalier, que le roy du peuple des Commains, pour avoir seureté et fiance fraternel de l’empereur de Constantinople pour secourir l’un l’autre, qu’il faillit[3] qu’ilz et chacun de leurs gens d’une part et d’autre se feissent seigner, et que de leur sang ilz donnassent à boire l’un à l’autre en signe de fraternité, disans qu’ilz estoient freres, et d’un sang. Et ainsi le convint faire entre noz gens et les gens d’icelui chevalier, et meslèrent de leur sang avecques du vin, et en buvoient l’un à l’autre : et disoient lors qu’ilz estoient freres d’un sang. Et en

  1. De Coucy : lisez, de Toucy. Il s’agit de Philippe de Toucy, fils de Narjot. (Voyez les Mémoires de Ville-Hardouin.)
  2. Vataiche : lisez Vatace.
  3. Faillit : fallut.