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de saint loys.

messagiers que le Roy avoit euvoiez en Tartarie, qu’ilz avoient compté en son ost huit cens chapelles sur chars.

Or revenons à nostre matere, et dirons ainsi : Que tandis que le Roy feroit fermer Cesaire, dont j’ay devant parlé, il arriva au Roy ung chevalier qui se nommoit messire Elenars de Seningaan, qui disoit qu’il estoit party du royaume de Norone, et là monta sur mer, et vint passant et environnant toute Espaigne, et passa par les destroitz de Maroc ; et que à moult grans perilz et dangiers il avoit passé et souffert beaucoup de mal, avant qu’il peust venir à nous. Le Roy retint celui chevalier, lui dixisme d’autres chevaliers. Et lui ouy dire que les nuitz en la terre du royaume de Norone estoient si courtes en esté, qu’il n’y avoit nuyt là où l’on ne veist bien encores le jour au plus tard de la nuyt. Quant celui chevalier fut acongneu ou païs, il se print à chasser aux lions, lui et ses gens. Et plusieurs en prindrent perilleusement, et en grant dangier de leurs corps. Et la faczon du

faire qu’ilz avoient en ladite chasse estoit qu’ilz couroient sus aux lions à cheval : et quant ilz en avoient trouvé aucun, ilz lui tiroient du trect d’arc ou d’arbeleste. Et quant ilz en avoient attaint quelqu’un, celui lion qui avoit esté attaint couroit sus au premier qu’il veoit : et ilz s’en fuyoient picquans des espérons, et laissoient cheoir à terre aucune couverte, ou une pièce de quelque viel drap : et le lion la prenoit et dessiroit[1], cuidant tenir l’omme qui l’avoit frappé. Et ainsi que le lion se arrestoit à dessirer celle vielle pièce de drap, les autres hommes

  1. Dessiroit : déchiroit.
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