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histoire

qu’ilz eussent, que c’estoit le Prebstre-Jehan ; et comment il les avoit en grant hayne et despit de longtemps. « Et pour ce, fist-il, je vous commande à tous que demain soiez prestz et appareillez pour lui courir sus. Et s’il advient qu’ilz nous desconfissent, dont Dieu nous gard, chacun face du mieulx qu’il ce pourra. Aussi si nous les desconfissons, je vous commande, que la chose dure jusques à la fin, et fust jusques à trois jours et trois nuiz, sans que nully ne soit si hardy de mettre la main à nul gaing, mais que à gens occire et mettre à mort. Car après que nous aurons bien eu victoire de nos ennemis, je vous départiray le gaing si bien et loiaument, que chacun s’en tiendra à paié et content.» Et tous se accordèrent à ce faire tres-voulentiers.

Le landemain venu, ainsi qu’ilz avoient délibéré de faire, ainsi le firent. Et de fait coururent estroitement sur leurs ennemis. Et ainsi que Dieu, qui est tout puissant, voulut, ilz desconfirent leurs ennemis : et tout quant qu’ilz en trouverent en armes deffensables, ilz les tuerent tous. Mais ceulx qu’ilz trouvèrent portans habiz de religion, et les prebstres, ilz ne les tuerent pas. Et tout l’autre peuple de la terre de Prebstre-Jehan, qui n’estoit en bataille, se rendirent à eulx, et se misdrent en leur subjection.

Une merveilleuse chose arriva aprés celle conqueste. Car l’un des grans maistres de l’une des generacions devant nommées fut bien perdu et absent du peuple des Tartarins par trois jours, sans qu’on en peust avoir ne ouyr aucunes nouvelles. Et quant il fut revenu au bout des trois jours, il rapporta au peuple qu’il ne cuidoit avoir demouré que ung soir, et qu’il