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de saint loys.

neur, où il fut en ce monde ; et que quant Mahommet eut bien conquis la seigneurie et preheminence du peuple, il se despita et s’eslongna d’avecques Hely son oncle. Et quant Hely vit la felonnie de Mahommet, et qu’il le commença fort à supediter[1], il tira à soy du peuple ce qu’il en peult avoir, et le mena habiter à part és desers des montaignes d’Egipte : et là leur commença à faire et bailler une autre loy que celle de Mahommet n’estoit. Et ceulx-là qui de present tiennent la loy de Hely dient entr’eulx que ceulx qui tiennent la loy de Mahommet sont mescreans. Et semblablement au contraire disent ceulx de Mahommet que les Beduins, qui tiennent la loy de Hely, sont mescreans. Et chacun d’eulx dit vray ; car tous sont mescreans d’une part et d’aultre.

L’un des points et commandemens de la loy de Hely si est tel : que quant aucun homme se fait tuer pour faire et acomplir le commandement de son seigneur, l’ame de lui, qui ainsi est mort, va en ung autre corps plus aise, plus bel et plus fort qu’il n’estoit. Et pour ce ne tiennent compte les Beduins de la Montaigne de leur faire tuer pour le vouloir de leur seigneur faire : croians que leur ame retourne en autre corps, là où elle est plus à son aise que devant. L’autre commandement si est de leur loy : que nul homme ne peut mourir, que jusques au jour qui lui est déterminé. Et ainsi le croient les Beduins ; car ilz ne se veullent armer quant ilz vont en guerre : et s’ilz le faisoient, ilz cuideroient faire contre le commande-

  1. Qu’il le commença fort à supediter : il prit pour lui beaucoup de haine.