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histoire

fert pour le péché de nostre premier pere Adam, et pour nous saulver.»

Tandis comme le Roy séjournoit en Acre, vindrent devers lui les messagiers du prince des Beduins, qui se appelloit le Viel de la Montaigne. Et quant le Roy eut ouye sa messe au matin, il voulut ouïr ce que les messagiers du prince des Beduins lui vouloient dire. Et eulx venuz devant le Roy, il les fist asseoir pour dire leur message. Et commença ung admiral, qui là estoit, de demander au Roy s’il congnoissoit point messire leur prince de la Montaigne. Et le Roy lui respondit que non, car il ne l’avoit jamais veu ; mais bien avoit ouy parler de luy. Et l’admiral dist au Roy : « Sire, puis que vous avez ouy parler de Monseigneur, je m’esmerveille moult, que vous ne lui avez envoié tant du vostre que vous eussiez fait de lui vostre amy, ainsi que font l’empereur d’Almaigne, le roy de Hongrie, le souldan de Babilonne, et plusieurs autres roys et princes, tous les ans : par ce qu’ilz congnoissent bien que sans lui ilz ne pourroient durer ne vivre, sinon tant qu’il plairoit à Monseigneur. Et pour ce nous envoie-il par devers vous, pour vous dire et advertir que le vueillez ainsi faire : ou pour le moins que le facez tenir quicte du trehu qu’il doit par chacun an au grant maistre du Temple et à l’Ospital ; et en ce faisant il se tiendra à paié à vous. Bien dit Monseigneur que s’il faisoit tuer le maistre du Temple, ou de l’Ospital, que tantoust il y en auroit ung autre aussi bon. Et par ce ne veult-il mye mettre ses gens en péril, en lieu où il ne sçauroit riens gaigner.» Le Roy leur res-