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histoire


voulut savoir comment ses gens, qui estoient demeurez avecques lui, avoient fait diligence de recouvrer gensd’armes. Et le jour de la feste monseigneur saint Jaques dont j’avois esté pelerin pour les grans biens qu’il m’avoit faiz, aprés que le Roy se fut retiré en sa chambre, sa messe ouye, appella de ses principaux, et gens de conseil : c’est assavoir messire Pierre chambellan, qui fut le plus loial homme et le plus droicturier que je veisse oncques en la maison du Roy ; messire Geffroy de Sergines le bon chevalier, messire Gilles le Brun le bon preudomme, et les autres gens de son conseil : avec lesquelz estoit le bon preudomme à qui le Roy avoit donné la connestablie de France aprés la mort de messire Ymbert de Beljeu. Et leur demanda le Roy quelz gens et quel nombre ilz avoient amassé pour remettre son armée sus, et comme courroussé disoit : « Vous savez bien qu’il y a ung mois, ou environ, que je vous declairé que ma voulenté estoit de demourer : et n’ay encores ouy aucunes nouvelles que vous aiez fait armée de chevaliers, ne d’autres gens.» Et ad ce lui respondit messire Pierre chambellan pour tous les autres : « Sire, si nous n’avons encore de ce riens fait, si n’en povons nous mais. Car sans faulte chascun se fait si chier[1], et veult gaigner si grant pris de gaiges, que nous ne leur ozerions promettre de donner ce qu’ilz demandent.» Et le Roy voulut savoir à qui ilz avoient parlé, et savoir qui estoient ceulx-là qui demandoient ainsi gros pris de gaiges. Et tous respondirent que ce estois-je, et que je ne me vouloie contenter de peu de chose. Et ouy toutes ces choses, moy estant en la chambre du Roy. Et disoient au Roy les

  1. Note Wikisource : Chier : cher.