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de saint loys.

voit voulu jurer, ne faire se serement ainsi qu’ilz le requeroient, ilz envoierent devers lui ledit maistre Nicolle d’Acre, lui dire qu’ilz estoient tres-mal contens de lui, et qu’ilz avoient à grant despit de ce qu’ilz avoient juré tout ce que le Roy avoit voulu, et que à présent il ne vouloit jurer ce qu’ilz requeroient. Et lui dist ledit maistre Nicolle qu’il fust tout certain que s’il ne juroit ainsi qu’ils le vouloient, qu’ilz lui feroient coupper la teste, et à tous ses gens. A quoy le Roy respondit qu’ilz en povoient faire à leurs voulentez, et qu’il aymoit trop mieulx mourir bon chrestien, que de vivre ou courroux de Dieu, de sa mère et de ses saints.

Il y avoit ung patriarche avecques le Roy, qui estoit de Jérusalem, de l’eage de quatre-vingtz ans ou environ ; lequel patriarche avoit autresfoiz pourchassé l’asseurance des Sarrazins envers le Roy, et estoit venu vers le Roy pour lui aider aussi à avoir sa délivrance envers les Sarrazins. Or estoit la coustume, entre les Paiens et les Chrestiens, que quant aucuns princes estoient en guerre l’un vers l’autre, et l’un se raouroit durant qu’ilz eussent envoyé des ambassadeurs en message l’un à l’autre, les ambassadeurs demouroient en celuy cas prinsonniers et esclaves, fust en Paiennie ou en Chrestienté. Et pour ce que le Souldan qui avoit donné sehureté à icelui patriarche dont nous parlons, avoit esté tué, pour ceste cause le patriarche demoura prinsonnier aux Sarrazins, aussi bien comme nous. Et voians les admiraulx que le Roy n’avoit nulle crainte de leur menasse, l’un d’iceulx admiraulx dist aux autres que c’estoit le patriarche qui ainsi conseilloit le Roy. Et disoit l’admiral que si on le vou-