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histoire

des admiraulx, que ou cas qu’ils ne tenoient au Roy leurs convencions et promesses, qu’ilz vouloient estre ainsi honnis et déshonnorez comme cil[1] qui par son pèché alloit en pellerinage à Mahommet, la teste toute nuë, et celui qui laissoit sa femme, et la reprenoit aprés. Et en ce cas second nul ne povoit selon la loy de Mahommet laisser sa femme, et puis la reprandre, avant qu’il eust veu aucun autre gisant ou lit avecques elle. Le tiers serement estoit qu’ilz fussent deshonorez et deshontez, comme le Sarrazin qui mengeuë la char de porc. Et receut le Roy les seremens dessusditz, parce que maistre Nicolle d’Acre, qui savoit leur façon de faire, lui dist que plus grans seremens ne povoient-ilz faire.

Quant les admiraulx eurent juré et fait leurs seremens, ilz firent escripre et baillerent au Roy le serement tel qu’ilz vouloient qu’il feist, qui fut tel, et par le conseil d’aucuns Chrestiens regnoiez qu’ilz avoient, que ou cas que le Roy ne leur tenoit sa promesse, et les convencions d’entr’eulx, qu’il fust séparé de la compaignie de Dieu et de sa digne mère, des douze apoustres, et de tous les autres saints et saintes de paradis. Et à celui serement se accorda le Roy. L’autre estoit, que oudit cas que le Roy ne tenoit lesdites choses promises, qu’il fust réputé parjure comme le Chrestien qui a regnié Dieu, et son baptesme, et sa loy ; et qui en despit de Dieu crache sur la croix, et l’escache o les piez[2]. Quant le Roy oyt celui serement, il dist que jà ne le feroit-il.

Et quant les admiraulx sceurent, que le Roy n’a

  1. Cil : celui.
  2. Et l’escache les piez : et l’écrase avec les pieds.