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de saint loys.

Et ce voiant le Souldan, qui estoit encore jeune, et la malice qui avoit esté conspiiée contre sa personne, il s’enfuit en sa haute tour qu’il avoit prés de sa chambre, dont j’ay devant parlé. Car ses gens mesme de la Haulcqua lui avoient ja abatu tous ses pavillons, et environnoient celle tour où il s’en estoit fouy. Et dedans la tour y avoit trois de ses evesques[1], qui avoient mengé avecques lui, qui lui escrierent qu’il descendist. Et il leur dist, que voulentiers il descendroit, mais qu’ilz l’asseurassent. Et ilz lui respondirent que bien le feroient descendre par force, et malgré lui ; et qu’il n’estoit mye encor à Damiete. Et tantoust ilz vont gecter le feu gregois dedans celle tour, qui estoit seullement de perches de sappin, et de toille, comme j’ay devant dit. Et incontinant fut embrasée la tour. Et vous promets, que jamais ne viz plus beau feu, ne plus souldain. Quant le Souldan vit que le feu le pressoit, il descendit parla voie du prael dont j’ay devant parlé, et s’enfuit vers le fleuve. Et en s’enfuyant, l’un des chevaliers de la Haulcqua le ferit d’un grant glaive parmy les coustes, et il se gecte o tout le glaive dedans le fleuve. Et après lui descendirent environ de neuf chevaliers, qui le tuèrent là dedans le fleuve assez prés de nostre gallée. Et quant le Souldan fut mort, l’un desdits chevaliers, qui avoit nom Faracataic, le fendit, et lui tira le cueur du ventre. Et lors il s’en vint au Roy, sa main toute ensanglantée, et lui demanda : « Que me donneras-tu, dont j’ay occis ton ennemy, qui t’eust fait mourir s’il eust vescu ? » Et à ceste de-

  1. Evesques : officiers.