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de saint loys.

celui hébergement arrivasmes le jeudi devant la feste de l’Ascencion Nostre Seigneur en celui temps. Et illecques prés fut descendu le Roy en ung pavillon pour parler au Souldan, et lui accorder que le sabmedi d’après le Roy lui rendroit Damiete.

Et ainsi comme on estoit sur le partement à vouloir venir à Damiete pour la rendre au Souldan ; l’admiral, qui avoit esté du temps du père du jeune Souldan qui lors estoit, eut en lui aucun remors[1] du desplaisir que lui avoit fait ce jeune Souldan. Car à son avenement, et que icelui admiral l’eut envoié querir pour estre Souldan aprés son père qui mourut à Damiete, et pour pourveoir ses gens qu’il avoit amenez avecques lui d’estranges terres, il desapointa l’admiral qui avoit esté ou vivant de son pere, et pareillement les connestable, mareschaux et seneschaux de son pere. Et pour ceste cause prindrent conseil en eulx, et disoient l’un à l’autre : « Seigneurs, vous voiez le deshonneur que le Souldan nous a fait ; car il nous a ousté des preheminences et gouvernemens esquelz le Souldan son père nous avoit mis. Pour laquelle chose nous devons estre certains que, s’il rentre une foiz dedans les forteresses de Damiete, il nous fera puis aprés tous prandre et mourir en ses prinsons, de paeurs que par succession de temps nous prensisson vengeance de lui : ainsi comme fist son ayeul de l’admiral et des autres qui prindrent les contes de Bar et de Montfort. Et pourtant vault-il mieulx que nous le fassons tuer avant qu’il sorte de noz mains.» Et ad ce se consentirent tous. Et de fait

  1. Remors : ressentiment.