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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

acte authentique, scellé de leur sceau, que son intention avoit été que Blanche gouvernât jusqu’à la majorité de son fils ; et Mathieu de Montmorency, connétable de France[1], auquel Louis VIII avoit confié la garde du jeune Louis, fit la même déclaration. C’étoit en France la première fois que la régence étoit confiée à une femme ; cette femme étoit une étrangère. Quelles vertus et quels talens ne lui falloit-il pas pour détruire les préventions qui, de tous côtés, s’élevoient contre elle, et pour continuer le grand ouvrage entrepris par les quatre derniers rois ! Fille d’Alphonse VIII, roi de Castille, elle vint en France en 1200, ayant à peine quatorze ans, et elle épousa le prince Louis, qui avoit quelques mois de moins qu’elle. Peu d’années après, elle obtint l’estime et l’entière confiance de Philippe-Auguste son beau-père. Malgré sa jeunesse, elle étoit admise à tous les conseils ; et ses avis, dont l’énergie étoit tempérée par ce tact délicat qui n’appartient qu’à une femme, furent souvent suivis. La politique, pour laquelle elle avoit beaucoup d’attrait, parce que son génie y étoit éminemment propre, ne la détourna point de ses devoirs de mère. Elle voulut elle même nourrir ses enfans. Sa tendresse jalouse ne souffroit pas que d’autres femmes en prissent soin, et quand leur âge permit de leur donner quelque instruction, ce fut encore elle qui seule y présida. Lorsque Louis VIII parvint au Irone, elle prit plus de part au gouvernement. Les deux époux étoient unis par les mêmes

  1. Mathieu II, petit-fils de Mathieu I, que nous avons vu dans le volume précédent concourir à la prise de Constantinople. Il fut surnommé le Grand.