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TABLEAU

les projets d’une femme ambitieuse, peut-être infidèle, et d’un prince qui ne devoit sa puissance qu’à la captivité de celui dont il avoit épousé la fille.

Les relations de la France avec les États voisins fixoient aussi l’attention de Blanche. Il n’y avoit rien à craindre du côté de l’Espagne. Les rois d’Arragon, de Navarre et de Castille, occupés de leurs querelles particulières, et de leurs guerres avec les Maures qu’ils auroient chassés s’ils avoient pu s’unir franchement contre eux, n’étoient pas disposés à donner des secours au comte de Toulouse. L’Allemagne et l’Italie étoient dans le plus grand désordre par les différends de l’empereur Frédéric II et du pape Grégoire IX. L’Angleterre livrée quelque temps auparavant à la guerre civile et étrangère, révoltée contre le roi Jean-sans-Terre qui n’avoit su réparer ses fautes que par des crimes, ayant, au milieu des plus horribles calamités, obtenu de ce prince une charte dont elle s’honore encore aujourd’hui, venoit de se réunir autour du trône de son jeune fils Henri III, qui, étroitement lié avec le comte de La Marche dont la femme étoit sa mère, devoit nécessairement prendre part aux troubles de la France. Il possédoit la Guyenne et quelques portions de l’Anjou, du Poitou et de la Saintonge. Ces provinces étoient gouvernées par Richard son frère.

Telle étoit la situation de la France lorsque Blanche de Castille fut appelée à la régence. Éloignée de son époux pendant la courte maladie qui l’enleva, elle ne put recueillir ses dernières volontés ; mais l’archevêque de Sens, et les évêques de Beauvais et de Chartres, qui l’assistèrent à la mort, déclarèrent, par