Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gois, qu’ilz gectoient avecques instrumens qu’ilz avoient propices. D’autre part parmy se fourroient les Turcs à cheval, qui les pressoient et opprimoient à merveilles ; tellement qu’ilz desconfirent la bataille du conte d’Anjou, lequel estoit à pié entre ses chevaliers à moult grand malaise. Et quant la nouvelle en vint au Roy, et qu’on lui eut dit le meschief où estoit son frere, le bon Roy n’eut en lui aucune temperance de soy arrester, ne d’attendre nully : mais soudain ferit des esperons, et se boute parmy la bataille, l’espée ou poing, jusques ou meillieu où estoit son frere ; et tres-asprement frappoit sur ces Turcs, et au lieu où il veoit le plus de presse. Et là endura-il maints coups, et lui emplirent les Sarrazins toute la culliere[1] de son cheval de feu gregois. Et alors estoit bon à croire que bien avoit-il son Dieu en souvenance et desir. Car à la verité luy fut Nostre Seigneur à ce besoing grant amy, et tellement lui aida que, par celle pointe que le Roy fist, fust rescours son frere le conte d’Anjou ; et chasserent encore les Turcs de leur ost et bataille.

Aprés la bataille du conte d’Anjou, estoient capitaines de l’autre prochaine bataille des barons d’oultre mer, messires Gui Guivelins et Baudouin son frere, qui estoient joignans la bataille de messire Gaultier de Chastillon le preux homme et vaillant ; qui avoient grant nombre de preudoms et de grant chevalerie. Et firent tellement ces deux batailles ensemble, que vigoureusement tindrent contre les Turcs, sans qu’ilz fussent aucunement reboutez ne vaincuz. Mais pouvrement print, à l’autre bataille subsequant que avoit

  1. Culliere : croupière.