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TABLEAU

comptoit sur les puissans secours de son fils Henri III, roi d’Angleterre.

Raymond VII, comte de Toulouse, fils de celui contre lequel Philippe-Auguste avoit dirigé la croisade des Albigeois, et dont Louis VIII, dans la dernière année de sa vie, vouloit anéantir la puissance, quoique dépouillé d’une grande partie de ses domaines, étoit encore maître de Toulouse. La persécution que sa famille éprouvoit depuis vingt ans avoit multiplié ses partisans. La mort imprévue de Louis VIII, son ennemi le plus redoutable, en augmenta le nombre. Tous fondèrent leurs espérances sur une minorité qui devoit être longue.

Thibaut IV, comte de Champagne, eût été encore plus dangereux que les trois princes dont nous venons de parler, si l’inconstance de son caractère, une passion insensée, et un horrible soupçon qui pesoit injustement sur lui, n’eussent mis beaucoup de désordre dans ses résolutions et dans ses entreprises. Ses domaines s’étendoient aux environs de Paris. Maître de Meaux et de la Brie, il disposoit en quelque sorte des subsistances de la capitale. On a vu, dans la notice sur Ville-Hardouin, les précautions que Philippe-Auguste avoit prises contre ce prince, orphelin avant sa naissance. Ces précautions avoient irrité l’orgueil du jeune Comte, et l’auroient porté vraisemblablement à la révolte au moment de la mort de Philippe, si la beauté et plus encore les vertus de Blanche de Castille, femme de Louis VIII son successeur, n’eussent inspiré à Thibaut un amour que les obstacles sembloient augmenter, et dont l’ascendant, à la moindre lueur d’es-