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que d’autre. Car nul ne tiroit d’arc, d’arbeleste, ne d’autre artillerie. Mais estoient les coups qu’on donnoit l’un sur l’autre, à belles masses, espées, et fustz[1] de lances, tout meslé l’un parmy l’autre. Et de ce que je veoie moult tardoit à mes chevaliers et à moy, tous bleciez comme nous estions, que n’estions dedans la bataille avec les autres. Et veez-cy tantoust venir à moy ung mien escuier qui s’en estoit fuy à tout ma banniere par une foiz, et me amena ung de mes destriers flamant, et fuz tantoust monté. Lors me tiré couste à couste du Roy. Là fut le bon preudomme messire Jehan de Valeri, qui veoit bien que le Roy se vouloit aller frapper ou fort de la bataille, et lui conseilla qu’il se tirast à couste la main destre[2] devers le fleuve, affin que si dangier y avoit, qu’il peust avoir secours du duc de Bourgoigne et de l’armée qui gardoit son ost, que nous avions lessez, et aussi à ce que ses gens se peussent refraichir, et avoir à boire ; car le chault estoit ja moult eslevé. Le Roy manda querir et faire retirer ses barons, chevaliers, et autres ses gens de conseil qui estoient en la bataille des Turcs. Et tantoust qu’ilz furent venuz, il leur demanda conseil de ce qu’il estoit de faire. Et plusieurs respondirent que le bon chevalier messire Jehan de Valery, qu’il avoit avec lui, le conseilleroit moult bien. Lors selon le conseil d’icelui Valery, que plusieurs accorderent estre bon, le Roy se tira à couste de main destre vers le fleuve. Et veez-cy venir messire Hymbert de Beaujeu, connestable de France, qui dist au Roy que son frere le conte d’Arthois

  1. Fustz : bois
  2. A couste la main destre : à main droite.