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par ce qu’il estoit sourt ; et crioit messire Foucquault à plaine voix : Or à eulx, or à eulx. Quant les templiers virent ce, ils se penserent estre ahontez et diffamez s’ils laissoient aller le conte d’Arthois devant eulx. Lors tout d’un accord vont ferir des esperons tant qu’ilz peurent, et suyvirent les Sarrazins fuyans devant eulx tout parmy la ville de la Massourre, jusques aux champs par devers Babilonne. Quant ilz cuiderent retourner arriere, les Turcs leur lançoient par à travers les ruës, qui estoient estroites, force de trect et d’artillerie. Là fut tué le conte d’Arthois, et le sire de Coucy, qu’on appelloit Raoul, et tant d’autres chevaliers, jusques au nombre de trois cens. Et les templiers, ainsi comme le maistre capitaine me dist, perdirent bien quatorze vingts hommes d’armes et de cheval.

Et mes chevaliers, gensd’armes et moy, veismes à main senestre grant quantité de Turcs qui se armoient encores ; et incontinant courusmes sur eulx. Et ainsi que les chassions parmy leur ost, j’apperceu ung grant Sarrazin qui montoit sus son cheval, et luy tenoit le frain de son cheval ung sien chevalier. Et tandis que le Sarrazin mit les mains à la selle de son cheval pour vouloir monter, je lui donné de m’espée par dessoubs les esselles, tant comme je peu la mettre avant, et le tué tout mort d’un coup. Quant son chevalier vit son sire mort, il habandonne maistre et cheval, et m’espia au retourner, et me vint frapper de son glayve si grant coup entre les espaulles, qu’il me gitta sur le coul de mon cheval, et me tint si pressé que je ne povoie tirer mon espée que j’avois ceinte : mais me faillit tirer une autre espée que