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Et secondement grant grace nous fist nostre Seigneur, à mes chevaliers et à moy ; car s’ilz eussent attendu jusques à la nuyt venant, que devions faire le guet, nous eussions esté ars et bruslez, comme j’avoiz pareillement dit devant.

Ce voyant le Roy, et toute sa gent, fut moult troublé, et appella tous ses barons pour le conseiller qu’il devoit faire. Et virent par entr’eulx que possible n’estoit de povoir faire chaussée à passer aux Turcs et Sarrazins ; car noz gens ne povoient tant faire d’une part comme ilz en desrompoient de l’autre part. Lors messire Humbert de Beaujeu, connestable de France dist au Roy que ung homme Beduins estoit venu à lui, et lui avoit dit que se on lui vouloit donner cinq cens besans d’or, qu’il nous enseigneroit un bon gué à passer bien aiseement à cheval. A quoy le Roy respondit, que tres-voulentiers s’i accordoit, mais qu’il tensist vérité de sa part[1]. Et ne voulut celui homme enseigner le gué que premier il n’eust ses deniers qui lui avoient esté promis.

Par le Roy fut accordé que le duc de Bourgoigne, et les riches hommes du païs d’oultre mer qui estoient accordans avec lui, guetteroient l’ost de paeurs des Sarrazins, et que lui et ses trois freres, qui estoient le conte de Poitiers, le conte d’Artois, et le conte d’Anjou, qui depuis fut roy de Sicille, comme j’ay dit devant, avecques leurs gens à cheval yroient veoir et essaier le gué que le Beduin leur devoit monstrer. Et fus mis et assigné jour à ung jour de caresmepre-

  1. Mais qu’il tensist verité de sa part : mais que le connétable l’assurât de la vérité de ce qu’il disoit.