Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
TABLEAU

montant sur le trône des Carlovingiens, avoit été obligé de consacrer toutes les prétentions, tendoit à devenir une monarchie dans la véritable acception de ce mot.

Mais la mort de Louis VIII interrompit tout-à-coup cet important ouvrage auquel il avoit puissamment concouru pendant les trois années de son règne. Rien n’étoit affermi, et de profonds ressentimens fermentoient dans les cœurs d’un grand nombre de seigneurs dont les familles avoient été humiliées ou dépouillées. Leur puissance n’ayant été qu’entamée et non détruite, et la force étant encore entre leurs mains, ils brûloient d’en faire usage, poussés par les deux passions qui influent le plus sur les révolutions politiques, l’ambition et la vengeance. La France n’avoit à leur opposer qu’une femme étrangère et un enfant de douze ans. Entrons dans le détail de cette situation vraiment extraordinaire.

Quatre grands vassaux, possesseurs d’une partie considérable du royaume, s’opposèrent au gouvernement de Blanche de Castille dès le commencement de sa régence.

Au premier rang nous trouvons Pierre Mauclerc, comte de Bretagne[1]. Ce prince, arrière-petit-fils de Louis-le-Gros, d’abord comte de Dreux, avoit épousé Alix, héritière de la Bretagne. Le nom de Mauclerc ou Mauvais clerc lui avoit été donné, soit parce qu’ayant été destiné dans sa jeunesse à l’état ecclésiastique il

  1. La Bretagne étoit alors un comté ; elle ne fut érigée en duché-pairie qu’au mois de septembre 1297, par Philippe-le-Bel. Cela n’empêche pas quelques historiens contemporains de Mauclerc de l’appeler duc de Bretagne.