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nouvellement chevalier le jour d’une Saint Jehan, qui n’aguerre estoit passée : le conte Jehan de Dreux, qu’il avoit aussi fait nouvel chevalier : le conte de La Marche, le conte Pierre de Bretagne. Et à une autre table devant le Roy, à l’endroit du conte de Dreux, mengeoit le roy de Navarre, qui moult estoit paré et aourné de drap d’or, en cotte et mantel, la çainture, fermail[1], et chappel d’or fin, devant lequel je tranchoie. Devant le roy saint Loys servoient du manger le conte d’Artois et son frere, et le bon conte de Soissons, qui trancheoit du coustel. Et pour la table du Roy garder, estoit messire Ymbert de Beljeu, qui puis fut connestable de France, et messire Honourat de Coucy, et messire Archimbault de Bourbon. Et y avoit darriere ces trois barons, bien trente de leurs chevaliers, en cotte de draps de soye, pour garde. Et darrière ces chevaliers y avoit grant quantité de huissiers d’armes et de salle, qui estoient au conte de Poitiers, portans ses armes batuës sur sendal. Le Roy si estoit habillé honnourablement, le plus qu’il avoit sceu le faire, qui seroit chose merveilleuse et longue à racompter. Et ouy dire à plusieurs de la compaignie que jamais ilz n’avoient veu tant de surcotz, ne d’autres garnimens de drap d’or à une feste, comme il y avoit à celle-là.

Après celle feste, le Roy conduisit le conte de Poitiers jusques audit lieu de Poitiers, pour reprandre ses fiefz et seigneuries. Inconveniant arriva lors au Roy du seigneur de la Marche, qui mesmes avoit mengié à sa table à Saumur ; car il assembla secretement grans gensd’armes, pour soy armer contre le

  1. Fermail : agrafe.