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s’il n’y estoit en personne. Quoy voiant les barons, incontinant presque confus lui manderent que tres-voulentiers ilz feroient entendre la Royne de Chippre à faire paix avecques le conte Thibault de Champaigne. A quoy le bon Roy leur manda que à nulle paix n’entendroit, ne ne souffreroit que le conte de Champaigne y entendist, jusques à ce qu’ilz eussent vuidé la conté de Champaigne. Et deslors la responce ouye, ilz s’en partirent de là, et d’un repoux[1] s’allerent loger dessoubz July. Et le Roy s’alla loger à Ylles, dont il les avoit chassez. Et quant les barons virent que le Roy les poursuivoit ainsi de prés, ils deslogèrent de July, et allerent loger à Langres, qui estoit en la conté de Nevers, qui tenoit de leur party. Et ainsi le bon roy saint Loys accorda la royne de Chippre avecques le conte de Champaigne, outre le gré et entreprinse des barons. Et la paix faite entr’eux en telle maniere, que, pour partage et droit successif, le conte de Champaigne donna à la royne de Chippre en tout deux mil livres de terre et revenu ; en oultre quarante mil livres, que le Roy paia pour le conte de Champaigne à une foiz paier, pour les deffraiz de ladite Royne. Pour lesquelz quarante mil livres le conte de Champaigne vendit au Roy les fiefs et seigneuries qui s’ensuivent : c’est assavoir le fyé de la conté de Blois, le fyé de la conté de Chartres, le fyé de la conté de Sanserre, et le fyé de la viconté de Chasteaudun. Et disoient aucuns, que le Roy ne tenoit lesdiz fiez que pour engaigement ; mais ce n’est mye verité, car je le demandé au bon Roy oultre mer, qui me dist que c’estoit par achapt.

  1. D’un repoux ; en un jour de marche.