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SUR JOINVILLE.

témoigna la même confiance. En 1283, ce prince, qui avoit la garde et la tutèle de Jeanne, reine de Navarre et comtesse de Champagne, fille unique de Henri, successeur de Thibaut, fut obligé de faire un voyage en Arragon. Pendant son absence, il chargea Joinville de gouverner le comté de Champagne.

Quoique Philippe-le-Bel, parvenu au trône deux ans après, eût moins de considération pour Joinville, dont la nouvelle cour affectoit de déprécier le mérite, il continua, pendant les premières années de ce règne, à gouverner la Champagne sous les ordres de Jeanne, qui étoit devenue reine de France. Cette princesse ne partageoit pas, à l’égard du vieux sénéchal, la froideur de son époux.

Vers la fin du règne de Philippe-le-Bel, lorsque ce prince accabloit ses sujets d’impôts et établissoit en France le pouvoir arbitraire, en feignant de favoriser la liberté des peuples, Joinville jusqu’alors si fidèle se révolta contre lui.

Cette insurrection, dont Philippe n’eut pas le temps de voir la fin, fut appaisée en 1315 par Louis-Hutin son successeur, qui nomma des commissaires pour faire une enquête au sujet des réclamations qu’on avoit vues éclater de toutes parts contre les mesures prises par son père.

La même année, le jeune Louis somma toute la noblesse de le joindre dans la ville d’Arras pour aller combattre les Flamands. Joinville répondit à cet appel de la manière la plus noble, et quoique âgé de plus de quatre-vingt-douze ans il prit les