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TABLEAU

par terre, sans que personne ait pu s’echapper : nous avons été jetés dans des prisons, non sans perdre un grand nombre des nôtres, et sans répandre beaucoup de sang. La plupart de ceux qui s’étoient embarqués ont été pris également ; plusieurs ont été égorgés ; et des bâtimens remplis de malades ont été brûlés sans pitié.

Nous étions depuis quelques jours en prison, lorsque le Sultan nous a fait proposer une trêve. Il demandoit avec instance et menace que, sans délai, nous lui rendissions Damiette avec tout ce que nous y avions trouvé, et que nous lui donnassions une indemnité pour tous les frais qu’il avoit faits depuis le commencement de la guerre. Après de longues négociations, nous sommes enfin convenus d’une trêve de dix ans aux conditions qui suivent :

Le Sultan devoit mettre en liberté nous et ceux qui nous avoient suivis en Égypte, ainsi que tous les Chrétiens, de quelque pays qu’ils fussent, qui avoient été pris depuis que Kiemel, son aïeul, avoit fait la paix avec l’Empereur. Il consentoit à ce que les Chrétiens de la Terre sainte gardassent en paix toutes les parties du royaume de Jérusalem dont ils étoient en possession avant notre arrivée. De notre côté, nous nous sommes engagés à rendre Damiette et à payer huit cent mille besans pour la rançon des captifs, et pour les frais de la guerre. Nous avons pris aussi l’engagement de mettre en liberté tous les Sarrasins que nous avions faits prisonniers depuis notre arrivée, ainsi que ceux qui avoient été pris dans le royaume de Jérusalem, depuis la paix faite par l’Empereur. Il a été convenu, en outre, que les effets que nous laisserions à notre départ seroient en sûreté, confiés à la garde du Sultan, pour nous être rapportés en France à la première occasion favorable. Les Chrétiens malades à Damiette, et ceux qui pour vendre ce qu’ils y possédoient, resteroient quelque temps dans cette ville, pouvoient revenir dans leur pays, par mer ou par terre, quand ils le voudroient, sans aucun eœpèchement quelconque. Le Sultan