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NOTICE

se délasser des soins du trône par le plaisir de la conversation, il aimoit à mettre aux prises avec Joinville Robert de Sorbonne son chapelain, qui venoit de fonder le fameux collége de ce nom. La gravité de l’ecclésiastique ne tenoit pas contre l’enjouement du chevalier ; et ces luttes innocentes, qui n’alloient jamais jusqu’à l’aigreur, faisoient le principal agrément de cette petite société : Louis intervenoit alors, et ses décisions, pleines de modération et de justesse, rapprochoient les deux rivaux.

Lorsqu’en 1268 le Roi convoqua tous les barons à Paris pour une nouvelle croisade, Joinville s’y rendit quoique malade, et quoiqu’il ne fût pas vassal immédiat de la couronne de France. Malgré son dévouement pour un prince qui l’avoit comblé de bienfaits, il s’excusa de partir sur ce que ses vassaux avoient trop souffert pendant la dernière expédition. Il venoit d’ailleurs de contracter un second mariage ; ayant perdu Alix de Grandpré, il avoit obtenu la main d’une autre Alix, fille et unique héritière de Gautier sire de Risnel.

Le Roi ne parut pas lui savoir mauvais gré de son refus ; mais les regrets de Joinville furent bien vifs, lorsqu’il apprit que ce grand prince étoit mort près de Tunis. Il conserva chèrement sa mémoire ; et son imagination étoit tellement frappée de cette idée, que long-temps après il crut le voir en songe : ce qui le décida sur-le-champ à lui faire bâtir une chapelle dans son château.

Philippe-le-Hardi, successeur de saint Louis, lui