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TABLEAU

étoit vermeille, son teint animé : il paroissoit jouir d’un doux repos.

Le portrait de ce grand prince a été tracé dans une multitude de panégyriques. Les philosophes les plus opposés à la religion qu’il professoit lui ont accordé leur suffrage, et ont même témoigné pour lui la plus vive admiration. Nous avons cherché à le peindre par ses actions ; et nous nous bornerons à conclure que les vertus chrétiennes portées à leur plus haut degré, non-seulement n’obscurcissent pas les qualités qui conviennent aux rois, mais leur donnent une perfection à laquelle on peut à peine croire que l’humanité puisse parvenir.

Lorsque Louis rendoit les derniers soupirs, la flotte napolitaine arrivoit devant Carthage. Le trouble où l’on étoit empêcha qu’on ne répondît à ses signaux, Charles d’Anjou se jeta dans une barque, aborda sur le rivage, et apprit la mort de son frère ; il courut à la maison où Louis venoit d’expirer, et baisa sa main en fondant en larmes. Les chefs voulurent charger Geoffroy de Baulieu de porter le corps à Saint-Denis : l’armée toute entière s’y opposa. Elle ne voulut pas, dans sa détresse, être privée du précieux dépôt qui sembloit lui promettre la faveur du ciel.

Philippe-le-Hardi, devenu roi à l’âge de vingt-six ans, reçut l’hommage de ses deux oncles et du roi de Navarre. Il remporta trois victoires qui n’eurent point de résultat décisif, mais qui lui donnèrent les moyens de faire une paix honorable. Le 1er novembre 1270, à fut convenu que le port de Tunis seroit déclaré franc, que les Chrétiens arrêtés à l’approche des Croisés seroient mis en liberté, qu’ils joui-