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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS


Le départ fut fixé à deux ans. On envoya des secours considérables à Sargines, et Louis employa le temps qu’il devoit encore passer en France à donner de la stabilité aux institutions dont il avoit jeté les fondemens. Tout annonçoit dans sa conduite qu’il s’attendoit à périr loin de sa patrie.

Ce fut alors, si l’on en croit plusieurs historiens, qu’il publia l’ordonnance qui porte le nom de Pragmatique sanction, et dans laquelle Bossuet trouve les vrais principes de libertés de l’Église gallicane. Les sanglans démêlés des empereurs et des papes, dont Louis avoit été témoin pendant tout le cours de sa vie, et qu’il avoit tenté vainement d’appaiser, lui inspirèrent l’idée de fixer les bornes des deux puissances, en conservant à l’une et à l’autre toute l’influence qu’elles doivent avoir pour le bonheur et le repos des peuples. La Pragmatique porte que les prélats et collateurs de bénéfices, jouiront de leurs droits, sans que la Cour de Rome puisse y porter atteinte par des réserves et des grâces expectatives, et qu’enfin les églises cathédrales et abbatiales, auront la liberté de faire les élections. La simonie est expressément défendue ; les promotions, collations, provisions et dispositions des prélatures se feront d’après les principes établis par le droit commun, par les conciles et par les Pères. Les papes ne pourront lever des taxes qu’avec la permission du Roi et du consentement de l’Église gallicane.

La mort du pape Clément IV, qui arriva la même année, la vacance du saint Siège qui dura trois ans, la puissance de Charles d’Anjou, dont le royaume touchoit à l’État ecclésiastique, et qui, quoique vassal