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TABLEAU

pouvoir suprême par le courage qu’il déploya en Égypte, avoit soumis tous ses rivaux, et son pouvoir s’étendoit sur l’Égypte, l’Arabie, Alep, Jérusalem et Damas. Presque toutes les places de Syrie fortifiées par Louis, étoient tombées en sa puissance. Acre restoit seule et couroit les plus grands dangers.

À ces nouvelles désastreuses, un Parlement fut convoqué à Paris. Le Roi s’y présenta portant dans ses mains la couronne d’épines, et fit le tableau le plus touchant des maux que souffroient les Chrétiens d’Orient. L’attendrissement fut général, quand on vit ce prince adoré, malgré les infirmités dont il étoit accablé, se dévouer une seconde fois à la délivrance des saints lieux ; mais l’enthousiasme fut moins vif qu’il ne l’avoit été en 1248. Les déplorables suites de cette entreprise étoient encore présentes à la mémoire de tout le monde : ceux qui en avoient fait partie étoient devenus vieux, et par conséquent moins propres à une expédition de ce genre ; l’enfance de leur fils n’avoit été entretenue que des calamités qu’on avoit éprouvées. Le légat donna la croix aux trois fils du Roi, qui étoient en état de porter les armes, et au jeune Thibaut, roi de Navarre. Charles d’Anjou, roi de Naples, le comte de Poitiers et de Toulouse, frère du Roi, le jeune comte d’Artois, fils de Robert, et Édouard, fils du roi d’Angleterre, se croisèrent aussi et attirèrent plusieurs seigneurs. Mais l’espèce de froideur qu’on mettoit à remplir un devoir pénible, montroit que le goût pour ces entreprises périlleuses commençoit à s’éteindre, et sembloit présager que si le succès le plus éclatant ne couronnoit pas celle-ci, elle seroit la dernière.