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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS


Élisabeth, mère de Conradin, qui vivoit avec lui en Allemagne dans un château fortifié, chercha vainement à le détourner de cette entreprise téméraire. Il partit avec le jeune Frédéric, duc d’Autriche, son ami et son parent. À peine fut-il arrivé à Trente, qu’une armée nombreuse de Gibelins lui fut acquise : après s’être arrêté quelque temps à Vérone pour mettre de l’ordre parmi ses troupes, il marcha contre Charles, en prenant le titre de roi de Naples. Ce prince, occupé dans ses États à calmer les révoltes qui éclatoient de tous côtés, ne put aller au-devant de Conradin, qui s’empara de Rome, où il se fit couronner Empereur. Tout paroissoit favoriser le jeune prince ; mais il n’avoit pas encore vu l’ennemi qu’il avoit à combattre. Charles l’attendit près du lac Celane : il n’avoit que dix mille hommes, et l’armée de son rival étoit de trente mille. Le prince français, suppléant au nombre par le courage et la science militaire, mit en réserve toute la noblesse qu’il avoit amenée de France. Les troupes françaises se replièrent d’abord, et Conradin se crut vainqueur ; mais tandis que ses soldats pilloient le camp, Charles paroît tout-à-coup avec sa réserve, et se précipite sur une armée débandée : le combat recommence avec fureur ; on se mêle, on lutte homme contre homme, des flots de sang sont répandus, et la victoire se déclare enfin pour les Français.

Conradin s’étoit sauvé dans un château voisin de la mer, appartenant à Frangipani, seigneur romain. Au moment où il vouloit passer dans la Sicile, qui s’étoit déclarée pour lui, il fut arrêté avec Frédéric