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TABLEAU

sistance. On dit qu’il lui fut livre par Richard, comte de Caserte, à qui la défense en étoit confiée, parce que Mainfroy avoit séduit la femme de ce général, quoiqu’elle fût sa propre sœur.

Charles, profitant de ce premier succès, battit les Sarrasins près de San-Germano, s’empara du monastère du Mont-Cassin, et rétablit les moines que Mainfroy avoit chassés ; il prit ensuite Capoue, et poursuivit son ennemi jusque dans les plaines de Benevent, où fut livrée la bataille de ce nom. Charles, avant de donner le signal du combat, s’aperçut que les Français avoient des épées moins longues que celles des Allemands ; il ordonna à ses soldats de ne se servir que de la pointe : on lui obéit avec transport. Mainfroy ne peut résister à l’impétuosité française : son armée est mise en déroute : il meurt en se défendant avec courage.

Alors tout le royaume de Naples se soumit à Charles d’Anjou ; mais son caractère violent lui fit beaucoup d’ennemis. Il ne suivit pas les conseils du Pape, qui l’engageoit à pardonner aux partisans de Mainfroy : au contraire, il exerça contre eux des vengeances cruelles. Un prince qu’il avoit comblé de bienfaits, se mit bientôt à la tête des mécontens. Henri, prince de Castille, après s’être révolté contre son Roi, avoit été obligé de se réfugier à Tunis. Instruit que le trône de Naples étoit occupé par un de ses parens, il vint à cette cour et y fut accueilli. Mais joignant l’ingratitude à la perfidie, il se lia secrètement avec les partisans de la maison de Souabe ; et ce fut par ses intrigues que le jeune et malheureux Conradin fut rappelé dans un pays où il devoit trouver la mort.