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TABLEAU

posé légitimement, et en lui faisant observer qu’Edmond, n’ayant depuis plusieurs années fait aucun effort pour occuper ce trône, avoit, par le fait, perdu tous ses droits.

On négocia, et des conditions qui ne pouvoient convenir qu’à un prince disposé à tout sacrifier pour obtenir une couronne, furent imposées à Charles d’Anjou. Il fut convenu que tout ce qui avoit été fait par Frédéric et par Mainfroy seroit révoqué, que le clergé seroit rétabli dans son indépendance, que ses causes seroient soustraites aux tribunaux laïques, que les privilèges de la noblesse et des villes seroient maintenus, et que jamais Charles et ses successeurs ne deviendroient empereurs, ni maîtres de la Lombardie et de la Toscane. Charles dut se démettre dans trois ans de la dignité de sénateur de Rome ; il s’engagea pour lui et ses successeurs à payer au Pape à son avènement huit cents onces d’or, à lui présenter tous les trois ans une haquenée blanche, et à se reconnoître son homme lige.

On dit que Béatrix, femme de Charles, la seule des princesses de Provence qui ne fût pas reine et brûlant de l’être, détermina son époux à souscrire à toutes ces conditions. Elle vendit ses bijoux pour subvenir aux frais de la guerre ; une croisade fut publiée contre Mainfroy et Conradin, des troupes d’aventuriers s’enrôlèrent sous les bannières du nouveau Roi, et l’on ne parla plus en France que de la conquête prochaine du royaume de Naples.

Louis et son épouse Marguerite ne partagèrent pas cet enthousiasme. Le Roi voyoit avec peine une entreprise qui troubloit le repos dont il avoit voulu