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TABLEAU

sité, à la suite d’une querelle avec les bourgeois, s’étoit dissoute, et que les Franciscains et les Dominicains avoient été appelés pour remplacer les professeurs absens. Revenus à Paris, les docteurs séculiers avoient pris de l’ombrage en voyant les moines en possession d’enseigner, et s’étoient montrés jaloux du succès qu’ils obtenoient. Thomas d’Aquin, Franciscain, et Bonaventure, Dominicain, brilloient à la tête des réguliers par des talens de dialectique très-estimés dans ce siècle. Guillaume de Saint-Amour, docteur séculier, avoit autant de réputation qu’eux, mais il ne savoit pas commander à un caractère fougueux et irascible. Un livre, attribué à Jean de Parme, général des Franciscains, intitulé : Introduction à l’Évangile éternel, ouvrage rempli de rêveries mystiques et d’erreurs graves, fit éclater la querelle, quoique les réguliers l’eussent désavoué. Les docteurs séculiers prétendirent que c’étoient là les principes de leurs adversaires, et Saint-Amour composa un livre plein d’énergie, intitulé : les périls des derniers temps, dans lequel il attaquoit la vie monastique, et représentoit les réguliers comme des hypocrites, précurseurs de l’Ante-Christ, des flatteurs des rois, des fauteurs de la licence.

Le Pape condamna le livre de Saint-Amour, et prescrivit à l’Université de recevoir les réguliers dans son sein. Elle désobéit, et brava l’excommunication. Saint-Amour fut obligé de fuir, et ses partisans le regardèrent comme un martyr. Alors Thomas d’Aquin publia une apologie des réguliers, dans laquelle il réfuta victorieusement les sophismes de son adversaire. Il convient des torts de quelques religieux, mais il soutient que leur règle est utile et sainte. Il reproche